À tous les échos
Déplier autrement le paysage
C’est à une traversée, une sorte de voyage sur la terre de Lozère que nous vous invitons. On a dessiné une cartographie des liens entre artistes venu.e.s ici en résidence et paysages.
Une galaxie de mots – 48 – qui ouvrent le cœur des processus de recherche et de création.
Des textes et des images entre séjour et déplacement, sur les traces laissées par les artistes dans le paysage, et en retour sur les métamorphoses que les grands espaces transmettent aux humain·e·s.
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Et créez votre constellation
Allié.e.s
Animal
Assemblage
Blonde
Bouchée
Chance
Connexion
Corps
Cosmos
Création
Cueillette
Déconvenue
Dispositif
Eau
Écoute
Épisode cévenol
Fleurir
Forme
Gratte-cul
Horizon
Image
Imprégnation
Initial
Inspiratrice
Intime
Ligne
Libre
Méandre
Mémoire
Milieux
Obscurité
Peur
Pierre
Pisteur.se
Plis
Point de vue
Propriété privée
Refuge
Regards
Rendez-vous
Résistance
Rivage
Sacre
Sérendipité
Trace
Très joyeux
Trésor
Margeride | Juillet 2023
Langogne | Octobre 2022
Causse Méjean | Juillet 2021
Bouchée
Déguster le paysage : créer des merveilles
L’atelier Za’atar traduit en art gustatif l'expérience sensible d’un paysage qui devient alors une petite bouchée. Le processus de création part de ce que la plante raconte du lieu, de la ballade, de la cueillette aux assiettes.
Lors de leur résidence en Lozère, l’inspiration est venue des différentes facettes des paysages comme le Mont Lozère enneigé, le relais de l’Espinasse, Mende, les Boissets… Quelle atmosphère au Mont Lozère ? Comment la traduire dans une bouchée ? Une meringue aromatisée avec les jeunes pousses de pin.
Il s’agit aussi de découvrir ce qui est comestible – les bourgeons de pins…, d’être là au bon moment – aller récupérer la bruyère en Cévennes quand elle est prête, de chérir ce qui est précieux – la cueillette des fleurs, comme la mauve.
Pour la tournée de « Dialogue des Plantes » l’atelier Za’atar a été invité à donner au public un « goût de paysage » au côté de la Cie l’Hiver Nu. À deux pas des lieux de représentation, elles ont cueilli une foule de plantes : La viperine, l’achille millefeuille, la mauve sylvestre, le gaillet blanc, la carotte sauvage, l’oregon…
D’autres fois, des groupes de personnes ont été conviés dans des lieux particuliers, au sommet, près de l’eau, avec un repas compose spécialement pour ça.
Les Boissets | Juin 2023
Causse Méjean | Avril 2021
Cosmos
P.P.P.P.P#1
Paroles Przewalskiennes Pour Pause Poétique
Chaque P.P.P.P.P. est une performance unique, créée pour et avec un lieu et ses habitant.e.s humain·e·s et non humain·e·s.
Suite à une immersion sur le Causse Méjean en partenariat avec l’association Takh installée au Villaret , Marie Clauzade (photographe) et Marion Coutarel (monteuse en scène) rencontrent, récoltent, photographient, écrivent, se laissent traverser par le territoire, les chevaux de Przevalski et tout l’invisible qui se trame.
À chaque fois, la performance est pluridisciplinaire et utilise les outils multimédias. Les lieux choisis pour la performance attestent de la porosité à l’espace, au paysage. Des lieux qui privilégient les rapports de proximité avec les spectateur·ices, qui sont convié·e·s pour traverser une expérience, partager une prise de risque artistique dans un esprit de confiance et de générosité.
S’il y avait un manifeste, ce serait celui-là :
- Les P.P.P.P.P. ne cherchent pas à rendre compte d’une vérité, ne font pas document.
- Travaillent pour la pensée, agissent sur les sens.
- Cherchent, filtrent, construisent, déconstruisent, les forces de la figuration et de la représentation.
- Favorisent la transversalité, le combinatoire, la puissance poétique.
Les entretiens menés :
- Entretien enregistre avec Lucienne Livourel, ancienne habitante du Villaret avec ses 9 frères et sœurs (la seule habitation du hameau, construite par son grand-père)
- Des entretiens avec les membres de l’équipe de Takh : Sébastien Carton de Grammont (responsable technique et sanitaire des chevaux), Julie Morisson (médiatrice scientifique), Jean-Louis Perrin (directeur), Hélène Roche (éthologiste), Florian Drouard (responsable opérationnel) et des bénévoles
- Entretien avec Jean-Philippe Vernet, tailleur de pierre caussenard
- Entretien avec Hélène Viruega (hippotherapeute, Centre equiforia) qui s’intéresse au mouvement du cheval pour aider les personnes en souffrance à retrouver leur centre, leur ancrage.
Les accidents heureux :
- Être assise au bord d’une lavogne, miroir calme offert à la soif des troupeaux et des animaux sauvages, sanctuaire de paix où proies, prédateurs, amis et ennemis se côtoient sans s’agresser et trouver un livre oublié par une bénévole qui vient chaque année « les étoiles s’éteignent à l’aube » de Richard Wagamese.
- Apprendre que dans le trou où la tongue vient de disparaître se trouve un aven où vivaient des gloutons arctiques il y a 15 000 ans et tant d’autres...
Création
Prendre un axe nouveau : devenir crocodile
Danya Hammoud, chorégraphe et danseuse, a choisi d’être seule, sans voiture, isolée en résidence aux Boissets, où elle a écrit et vécu en même temps.
Là, libérée d’un souci d’efficacité, dans un autre rapport au temps, en laissant place à un esprit poétique dans la façon de penser les choses, elle a pu s’autoriser à ce que ses rêves deviennent matériaux de travail.
Sa ligne directrice s’est modifiée et elle s’est étendue jusqu’à Devenir crocodile, titre
de son spectacle.
Dispositif
Geste et matière
Ma démarche envisage la main, le corps tout entier comme dotés d’imagination, et mes créations sont des architectures faites par des corps qui pensent. Un équilibre délicat qui surgit entre fonction et légèreté. Le temps de la construction, tel qu’il est donne à voir, est issu d’un long processus par lequel la nature, la qualité du mouvement en lien avec la matière choisie doivent être constamment remises en jeu. Ce processus cherche à faire naitre un geste juste, précis, avec les outils qui sont ceux du danseur : perception, mémoire du geste, précision, coordination, rythme, présence…
Notre développement en tant qu’être vivant, notre anatomie, nos sens, sont le fruit des échanges multiples et continus entre tout ce qui nous entoure et nous-mêmes. Et nous voyons aussi le monde se transformer inexorablement par l’action de l’homme. L’articulation entre le geste et la matière, en tant que relation entre l’individu et le monde, compose l’endroit d’un échange double, permanent et transformateur. En cherchant à transformer et composer le corps du danseur par la matière qu’il travaille, j’ai le désir de faire exister pour l’interprète et pour le spectateur un espace-temps où renouer une intimité singulière avec le monde.
Temps et espace public
Depuis nombreuses années, j'ai quitté les plateaux pour investir l’espace public et le paysage. À l’extérieur, l’espace de jeu, la place du spectateur, la lumière, le son, deviennent des données mouvantes. Il faut négocier avec un paysage, une ville, des conditions qui changent en permanence. Mes créations travaillent alors cette relation au contexte, en complémentarité ou contrepoint. Travailler dans et pour l’espace public m’a aussi permis d’explorer de nouvelles directions et d’expérimenter une dimension monumentale dans la relation à l’objet. Ce rapport d’échelle travaille alors la perception que nous avons de nous-mêmes, comme l’endroit où nous sommes.
Avec mes créations, je tente aussi de produire un temps dans lequel le spectateur peut redécouvrir et réactiver dans sa perception un contexte qu’il connaît déjà, dans lequel il a ses habitudes, ses propres repères. Un paysage, une ville, ont leur propre temps, réglé par les cycles naturels et les transformations humaines, individuelles et sociétales. Et je crois que la perception que nous avons de ce temps est intimement liée à l’espace et au déplacement. Mes créations sont alors une invitation pour les spectateurs à choisir leur propre temporalité, à prendre – ou perdre – la mesure du temps. À prendre le temps d’être là où ils sont.
Parc Naturel de l'Aubrac | Juin 2020
Écoute
Modifier le paysage : être à l’écoute
L’effet Doppler des Paysages, Parc naturel de l’Aubrac
Jérôme Hoffman, musicien et compositeur, a récolté des sons et les a recomposé pour le paysage, qui devient ainsi support d’écoute.
Placer l’écouté au cœur du processus de création.
Partir des paysages sonores de l’Aubrac, des expériences ressenties dans ces paysages, de la vibration qui s’imprime sur la rétine lorsque l’on ferme les yeux et qu’on les imagine à nouveau pour proposer une création qui aborde les différentes approches de la « traversée » de ces espaces.
Des points d’écoute et d’observation ont été amenagés sur les sentiers du GR65 et GRP TMA. Des lieux singuliers pour prendre le temps de la découverte d’un paysage et d’une création sonore en guise de bande originale d’un voyage en nature. Créations accessibles sur un QR code apposé sur une plaque signalétique.
Pour la restitution de tout le travail effectue, avec le photographe, Bastien Defives, l’auteur, Jean Cagnard, une grange magnifique, repérée au détour de la visite par la propriétaire, est devenue un écrin inattendu, au Domaine de la Baume.
Forme
Le geste dans sa forme, dans son image reconnaissable, ne prend souvent pas sa source dans le membre qui lui est associé. Prenons un exemple. Se saluer, en se serrant la main. Ce geste ne commence pas par le bras, il est initié ailleurs, dans le bassin chez les uns, la poitrine ou le dos chez les autres, ou encore dans le regard.
Étant née dans une ville en guerre, ayant grandi dans une ville en guerre. Une ville sans cesse en construction, destruction, reconstruction. Jamais stable dans sa forme. Son sol, comme du sable mouvant, guidé par des multiples colères. La violence y a trouvé sa maison et s’est sédentarisée.
Au fil des années, ce que j’ai accumulé dans ce pays s’est donc transformé en mouvement. En un mouvement plutôt sourd. Pour peut-être équilibrer avec le bruit où l’on baignait.
Un mouvement dense et continu, pour peut-être balancer avec les ruptures et les fragments dans la pierre, dans les corps et dans l’Histoire. En un mouvement qui jusqu’à aujourd’hui est toujours porté par une violence latente.
Danya Hammoud
Questionner la légitimité d'existence d'une forme sans soutien, sans présence d'une pensée construite MC
Grands Causses | Septembre 2022
Imprégnation
Exploser la dramaturgie : écrire en territoire
Sauvage, thriller éthologique
3 artistes en résidence d’écriture pour leur nouveau spectacle : Karin Serres (autrice), Christophe Gavrouil (dramaturge et collaborateur artistique) et Annabelle Sergent (conceptrice et comedienne).
La résidence d’immersion leur a permis de confronter leurs intuitions au réel. Au départ, l’histoire était portée par DragonFly, une collégienne. Les 3 artistes se sont retrouvés à errer dans la forêt, à se perdre (le GPS ne marche pas entre Hures, La Parade et Hures la Parade…). Et le solo initialement prévu est devenu trio de fiction un peu à leur image.
Sauvage, c’est l’histoire d’une bande de 3 collégien·ne·s qui s’échappent régulièrement de l’internat. Le jour et la nuit, ils-elles s’évadent dans la forêt d’'à côté. C’est leur cabane. Leur refuge. D’escapades en escapades, la bande s’enfonce de plus en plus dans la forêt, elle y reste de plus en plus longtemps, y vit des moments de plus en plus intenses, connectée à la nature. La forêt devient un endroit de luttes pour faire face au monde. Ne pas figurer, mais évoquer la forêt au plateau. Une forêt suspendue, un espace abstrait avec des couleurs, des portes.
là
ça me prend sous la peau
ça me remonte dans les os
ça me bouillonne, ça me pulse, ça me bat en dedans, électrique, brûlant
je lève la tête vers les arbres comme on regarde une foule en cherchant quelqu’un qu’on aime, lui
j’attrape son tronc, je le serre de toutes mes forces, la nuit respire avec moi
ses odeurs, ma joie
Forêt | Octobre 2020
Initial
Porter les pierres : construire un langage
Nathan Freyermuth a été en résidence à Quézac, a rencontré des berger·e·s et des pierres.
« À l’origine de ce travail, il y a l’intuition de créer une pratique dansée à partir de la mise en mouvement de pierres. Cette pratique brute, aride même, semble porter un langage qui lui est propre, et que nous cherchons à faire entendre. C’est un langage sans doute concomitant aux premières constructions, à la naissance de l’architecture : à quel moment la danse naît-elle de ces gestes premiers ? Il s’agit comme de révéler, de réactiver le rapport de l’homme au règne minéral et à son histoire (sidérale, géologique, préhistorique), à travers le lieu : les pierres que l’on y trouve, la géologie du terrain, les édifices qui y sont construits. »
« Agencer ensemble les matériaux principaux. Pierres, lieu, textes. Fabriquer la pièce de telle façon que les matériaux se mettent à fonctionner ensemble. Danser les pierres. Le projet tient dans un dispositif scénique très pauvre : des pierres, des textes, une table : scène miniature rejouant, à une autre échelle et dans un rapport dynamique au lieu, la scène du théâtre. »
Naussac | Août 2021
Intime
Le spectacle Nos cabanes donne voix à l'essai éponyme écrit par Marielle Mace (© Éditions Verdier, 2019), dans une forme légère conçue pour l'itinérance, pouvant jouer partout, en intérieur comme en extérieur. Nouage du politique et du poétique, Nos cabanes nous mènent sur des chemins dérivés, explore et invente les espaces où la vie peut s’organiser autrement. Il est question du lieu, de notre relation à lui. Il est question du Nous. Comment habiter notre monde aujourd'hui ? Quels refuges, quels abris avons-nous encore ? Comment faire face, autrement, à ce présent-là ? Sophie Lagier, actrice et metteuse en scène, fait sonner, résonner le texte parmi les spectateurs. Pour se rassembler le temps de la représentation, cohabiter dans un même espace, faire corps. Ensemble. Et partager de possibles résistances et luttes à venir.
Sur scène, tout est fait pour faciliter l’attention du public, là, dehors, l’écrin apporte une concentration différente, ouverte. Faire des cabanes : imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé. Trouver où atterrir, sur quel sol rééprouvé, sur quelle terre repensée, sur quels espaces en lutte, discrets ou voyants, sur quels territoires défendus dans la mesure où ils sont réhabités, cultivés, imaginés, ménagés plutôt qu'aménagés.
Hures la Parade
Route des Boissets | Mars 2024
Nasbinals | Juillet 2022
Mémoire
Ouvrir des fenêtres sur le paysage : les œuvres d’art-refuge
Aventure artistique sur les chemins de Compostelle.
Nés d’histoires et récits, les chemins de Compostelle offrent un terrain formidable pour nourrir nos imaginaires et ceux des artistes. Tête chercheuse, jambes voyageuses, Derrière Le Hublot a imaginé le parcours artistique Fenêtres sur le paysage en 2016. Il se développe depuis sur le GR ® 65 avec de nombreux partenaires et territoires à travers :
- Les œuvres d’art refuges (première série de sept œuvres d’art refuges réalisées entre 2018 et 2023)
- Les rendez-vous et créations artistiques éphémères qui invitent à parcourir autrement ces paysages
Œuvre d’art
Nichoir à chant
Construite avec l’équipe artistique de la Fausse compagnie, Carine Henry et Jérôme Bouvet, les artistes qui ont imaginé la sonothèque nomade, À vol d’oiseau est une itinérance artistique autour des langues et des accents du monde.
Munis de leur instrumentarium forain Stroh à pavillons – le kohlporteur et la kohlecteuse – ils inventent des espaces buissonniers d’enregistrement ou d’écoute et arpentent les chemins, rues, bistrots, champs et maisons pour aller à la rencontre des habitants ou visiteurs et partager quelques moments de vie et de poésie.
Depuis l’automne 2020, sur le chemin du GR 65, Carine Henry et Jérôme Bouvet ont rencontré des habitants proches et des marcheurs empruntant ce parcours, pour collecter leurs chants et berceuses a capella. Ils ont ensuite imaginé et construit sept nichoirs à chant pour partager cette collecte aux habitants et à tous ceux qui seront de passage pour créer des points de rencontres insolites.
Une vraie belle raison pour se rencontrer. Aller vers et partager. Par les chemins, par les gens. L’âme artisanale et l’humeur végétale. Comme une manière d’être au monde.
Collecter et colporter les chants et les berceuses. L’ailleurs et l’ici. Le proche et le lointain. Le bout du monde et le fond du jardin
Enregistrer les voix photographier les visages. Partager nos géographies personnelles. S’ouvrir et découvrir. Se laisser être et devenir.
Élever nos voix pour qu’elles portent au-dehors. Et qu’elles chantent au dedans. Nos silences et nos musiques. Comme un fil d’or, itinérance humaine et artistique. Ne pas savoir. Donner et recevoir. Tisanerie sonore. D’une accueillante marginalité.
Rituel poétique. Histoires à faire vibrer. Mémoires du bled. Et jardins tendres. Oser et permettre d’oser.
Faire des 7000 langues vivantes. Du monde d’aujourd’hui. Une quête foraine. Une épopée nomade. Une « petite fabrique d’humanité.
Mon chant est un monde, ton chant est un monde - Carine Henry et Jérôme Bouvet
Margeride | Mars 2024
Obscurité
Faire fleurir : contrainte physique éprouvée dans la grotte Castelbouc numéro 4 à Saint Enimie
Tout d’abord, il a fallu convoquer les spécialistes pour aller dans la grotte : une pisteuse, Myriam Jamier et un biologiste, Alain Jacquet.
À partir de la contrainte physique qui rend impossible la station debout, l’objectif de Nicolas Fayol; chorégraphe et danseur, était de faire expérience de l’obscurité. Dans la grotte, être à l’affût des sons – humides, étouffés, de toutes formes de vie qui persistent et toujours les gouttes qui gouttent…
Ce paysage invisible lie à l’obscurité sera habité plus tard sur scène par 1 danseur, 2 musiciens et 1 pierre.
Le corps malléable, transformé par la posture, sera ne dans une grotte pour mieux ressurgir sur scène, en fusion avec la musique créée pour le spectacle.
Takh | Juillet 2021
Pisteur.se
Trouver de nouveaux partenaires : se fondre dans le paysage
L’Hiver Nu, compagnie fondée par Claire Perraudeau et Baptiste Etard, est installée au Viala à Lanuéjols. La résidence est donc permanente, ce qui ne les empêche pas de sillonner la Lozère selon les créations. Leur démarche artistique est intimement liée au fait d’avoir crée une fabrique là, d’en avoir fait un endroit d’échange et de résistance.
Récit des milieux
L’Hiver Nu s’engage sur le chemin d’un théâtre qu’ils conçoivent comme un lieu d’échanges vivants, comme un MILIEU, une zone d’expérience de ce qui pourrait (re)faire de nous des êtres vivants et dynamiques, vivant dans un monde DANS lequel nous sommes et non pas FACE auquel nous nous trouvons.
Leur recherche leur permet d’établir les bases d’un THÉÂTRE DU MILIEU qui donne vie à de nombreuses formes performatives, laisse parler ce qui n’a pas la parole dans le monde des humains.
En tissant, avec les imaginaires des mouvements de résistance écologistes (ZAD, fermes collectives, désertion urbaine), avec les pensées d’écolophilosophes, que la compagnie côtoie depuis 7 ans (I.Stengers, E.Hache, JP.Pierron, M.Mace) et avec la sensibilité à un territoire, la Lozère, il s’agit à leur manière de tenter, comme le titre de Baptiste Morizot, de « raviver les braises du vivant. »
C’est une montagne longue comme un corps couché.
Elle a la forme d’un corps recouvert d'un tas de terre.
C’est une montagne qui sépare 2 vallées : protestantes catholiques
Il y a là-haut la pollution de la vallée du Rhône
Les loups reviennent – en meute
Nous pourrions y croiser Aldo Leopold ou Arne Naess
La neige y est de plus en plus rare
Des gens s’y sont perdus
On y fête la myrtille.
Le mont Lozère
Dialogues des plantes
Hysope / Eglantier / Reine des Pres / Ronces
À la croisée de chemins ou sur un plateau calcaire, au fond d’une impasse citadine ou au milieu d’une zone humide, des plantes habitent des milieux et les font vivre. En prenant le point de vue des plantes, nous souhaitons donner à entendre une autre histoire de ces lieux, une histoire qui casse notre vision anthropocentrique des paysages, pour en faire une histoire commune des vivants. Sous forme de courts poèmes visuels et sonores, nous cheminerons dans les relations complexes qu’entretiennent les plantes avec les autres vivants, dont les humains. Nous y découvrons la possibilité d’une altérité radicale.
« Si nos vies ne sont pas seulement ce que nous en faisons, la cosse extérieure des événements qui nous résumeraient à quelques dates épinglées au veston, à quelques catégories brandies pour l’occasion, mais aussi les lignes de fiction qui les accompagnent, nous relient, font des nœuds entre elles, des surgeons, des repousses. Imaginons un instant que ces lignes ne relient pas seulement les humain·es entre elleux, mais bien tous les êtres, présences et lieux qui ont fait nos vies : paysages, refuges, habitats, vivants, bactériens, animal, fongique ou végétal. Comment racontons-nous ces lignes ? Comment s’enchevêtrent-elles ? Et quel est l’art du conteur à même de les poursuivre et de les partager ? C’est en suivant le fil de cette rêverie, que nous avons vu apparaître avec Baptiste et Claire, le réseau dense, joyeux, délicat, parfois contradictoire, de ces lignes qui les reliaient singulièrement l’un·e et l’autre à des mémoires végétales. Manière de voir se lever dans le paysage d’une vie, le rôle qu’elles ont pu jouer. Manière aussi de les arracher sensiblement au décor et de voir comment les histoires guérissent, protègent, relient ou réparent quand on leur laisse l’espace d’être pleinement peuplées. »
Barbara Metais-Chastagnier
Aubrac | Avril 2024
Saint Alban | Septembre 2024
Refuge
Ouvrir des fenêtres sur le paysage : les œuvres d’art-refuge
Aventure artistique sur les chemins de Compostelle
Nés d’histoires et récits, les chemins de Compostelle offrent un terrain formidable pour nourrir nos imaginaires et ceux des artistes.Tête chercheuse, jambes voyageuses, Derrière Le Hublot a imaginé le parcours artistique Fenêtres sur le paysage en 2016. Il se développe depuis sur le GR ® 65 avec de nombreux partenaires et territoires à travers :
- Les œuvres d’art refuges (première série de sept œuvres d’art refuges réalisées entre 2018 et 2023)
- Les rendez-vous et créations artistiques éphémères qui invitent à parcourir autrement ces paysages.
Le Castrum
Une œuvre d’art-refuge flottant dans le paysage, où le bois et le granite s’unissent pour offrir au pèlerin un sanctuaire paisible et une vision de l’horizon à 360 degrés sur ce haut lieu de Margeride. Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, inspire des horreos (greniers typiques des Asturies et de Galice) et de la puissante présence granitique du massif de Margeride. Conçu par Mariana de Delas et Gartnerfuglen Arkitekter, équipe d’Espagne et de Norvège.
Saint Alban | Mai 2022
Naussac | Février 2023
Partout et tout le temps
L'Espinas | Novembre 2023
Trésor
Transposer les sensations : s’accorder le soleil
Le postulat de départ de Vania Vaneau, chorégraphe et danseuse, était de sortir du studio de danse pour éprouver des sensations liées à la lumière vécues sur la peau. 4 danseur·se·s face à la lumière du soleil : surgissement des premières formes de vie (mousses, champignons) éblouissement, chaleur, vent face aux grands espaces… Danser la nature a été libérateur et ressourçant, mais aussi très intense, car beaucoup d’information, d’inattendus, de choses qu’on ne contrôle pas (la dramaturgie des éléments naturels).
La créatrice lumières de la Cie, Abigail Flower, et toute l’équipe ont ensuite transposé ces expérimentations au plateau, et le spectacle Héliosfera est né après des mois de travail.
Un espace-temps, passé ou futur, au-delà du terrestre, où la lumière serait le premier et le dernier des éléments présents, permettant le surgissement de nouveaux corps et de nouvelles formes de vie. À l’image des phénomènes météorologiques et climatiques, les mythes cosmologiques nous racontent la formation de mondes qui émergent de la lumière et des ténèbres. Ainsi, Heliosfera est un dialogue avec la lumière, donnant consistance à ce corps que l’on dit immatériel. « Matériau incandescent ou bien nocturne, évanescent ou bien massif », de cette matière élémentaire, naissent des environnements, peuvent surgir et disparaître des vies, des micro-organismes jusqu’aux étoiles.
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Bonne découverte !